Les habitants sédentaires issus de la communauté des gens du voyage nous racontent leurs parcours et nous offrent un autre regard.
Un projet à l’initiative du département de l’Hérault, soutenu par la Région Occitanie et la DRAC, qui a donné lieu à la création du film photographique et sonore « Gens du voyage du pays de Lunel : Mémoires d’hier et paradoxes d’aujourd’hui » co-produit par Nos Mémoires Vives et la photographe Sandra Mehl.
Une communauté méconnue
Sur le territoire du Lunellois dans l’Hérault, des familles de gens du voyage sont présentes depuis plusieurs générations sur des terrains privés ou dans de l’habitat ordinaire. Les activités professionnelles exercées, souvent indépendantes (vente ambulante, élagage, ferraille..) ne sont plus suffisamment rémunératrices. Les travailleurs sociaux de la Maison des Solidarités Petite Camargue accueillent ainsi ce public autour du dispositif RSA.
Lors des rendez-vous s’exprime le fait que l’évolution de société rend l’exercice de leurs métiers traditionnels difficile et que les employeurs sont peu enclins à embaucher une personne issue de leur communauté. La communauté dénonce les représentations de «voleurs de poule» et autres stigmatisations encore largement véhiculées.
Des témoignages à partager
Contrairement aux idées reçues, les travailleurs sociaux perçoivent chez ces habitants des valeurs telles que le sens de la famille, l’indépendance, la débrouillardise et l’ingéniosité. Face à l’importance de la transmission apparaît la difficulté, notamment pour les plus jeunes, à faire coexister les traditions héritées avec les pratiques et les modes de vie qui évoluent.
Face à ces constats de terrain, le Département de l’Hérault a missionné Nos Mémoires Vives pour collecter leurs témoignages. Un projet basé sur l’oralité et la transmission intergénérationnelle, pour partager un autre regard et nous aider peut-être à sortir de nos représentations.
Le travail mené a abouti à la création du film photographique et sonore « Gens du voyage du pays de Lunel : Mémoires d’hier et paradoxes d’aujourd’hui » , co-produit avec la photographe Sandra Mehl.
Un projet de collecte co-construit
1ère étape : aller à la rencontre des différents acteurs concernés
Le public, les professionnels et les acteurs du territoire ont été mis autour de la table pour co-construire la démarche. Le collectif mobilisé a identifié des personnes ressources au sein de la communauté auprès desquelles une phase d’entretiens exploratoires a été menée. Ensuite, chacun des acteurs a fait le lien avec de potentiels témoins à qui le projet a été présenté.
2ème étape : collecter les histoires de vie
Des entretiens individuels auprès d’une vingtaine de membres de la communauté ont été menés entre février 2020 et mars 2021. Nous avons fait le choix de favoriser des portraits intergénérationnels au sein de plusieurs familles afin de croiser les époques et les vécus et favoriser un axe de transmission.
En effet, à chaque époque, l’individu est en prise avec les problématiques familiales, culturelles, les héritages de la communauté, l’évolution du contexte sociétal. L’objectif a été de faire le lien entre l’histoire familiale et/ou communautaire et l’histoire sociale : du nomadisme à la sédentarisation, l’évolution du rapport à l’institution, l’évolution du monde du travail…
La parole a été collectée par le biais du média sonore. Sandra Mehl, photographe professionnelle, est ensuite intervenue pour illustrer le quotidien des témoins.
Un film photographique et sonore pour favoriser le dialogue
A partir du son et des photographies réalisées, le documentaire a vu le jour. Il a été conçu comme un outil pour favoriser le dialogue entre acteurs du territoire.
Discuter des politiques d’accompagnement avec les professionnels
Ce film ouvre l’échange entre professionnels et membre de la communauté. Il invite à faire évoluer les éventuelles représentations pour discuter ensemble des politiques d’accompagnement et de l’accès aux droits. Est-ce les dispositifs qui ne sont pas adaptés ou est-ce que le public gitan qui n’est pas adapté aux dispositifs ?
Le film a été retransmis en juin 2021 aux travailleurs sociaux en contact avec ce public afin qu’ils puissent mieux appréhender la trajectoire, le vécu de la personne. Les témoignages mis en lumière favorisent un accompagnement individuel plus personnalisé à travers une approche par les ressources et compétences.
Changer les représentations des gens du voyage auprès du grand public
Le format du film est également adapté pour une diffusion auprès des élus et du grand public. En permettant aux personnes issues de la communauté des gens du voyage de témoigner de leurs ressources, compétences mais aussi de leurs difficultés à trouver leurs place dans une société qui évolue, le documentaire invite à faire du lien et à changer nos représentations.
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